La communication est devenue reine de la vie politique. Celui qui,
seulement et simplement, fait les choses et ne dit rien ou le dit mal, perd aux yeux du
public par rapport à celui qui ne fout rien mais possède l’art de
spectacle et de sa mise en valeur publique. Du point de vue de la
communication, François Hollande est visiblement mal entouré, mal
conseillé ou, en tant qu'acteur, exécute mal les conseilles de ses
producteurs et réalisateurs. Et c’est tant mieux pour nous et
tant pis pour lui!
Sa conférence de presse semestrielle le 16 mai 2013 était une catastrophe
politique et médiatique. Non pas tellement pour la forme (même si on
pouvait la critiquer) ni le ton (qui était plutôt sincère), mais surtout
pour le contenu – l’annonce d’une importante (pour ne pas dire totale)
rupture avec ses promesses de campagne électorale de 2012. Son
intervention du 14 juillet 2013 était une catastrophe humaine et
médiatique. Nouvelle catastrophe. Encore une catastrophe.
Nous vivons dans un monde hyper médiatique global où chacun possède ses
propres archives des interventions antérieures des hommes politiques, où
tout se retrouve sur Internet, où tout est facile à trouver. Première
chose que l’on a ressorti à François Hollande c’est
sa promesse, en tant
que candidat à l’élection présidentielle, de ne jamais organiser les
plateaux télé depuis le palais de l’Élysée. Promesse ferme et solennelle,
sans aucune ambiguïté.
Promesse qu’il a rompue la première fois en donnant une interview
l'interview le 11 octobre 2012 aux médias d'AEF depuis son bureau à l’Élysée qui ressemblait trop à
un plateau télé. Sans expliquer ce qu’il a poussé à rompre cette promesse.
Quelle urgence nationale ou internationale? Aucune, en réalité. Il a
récidivé à plusieurs reprises.
Promesse
qu’il a reniée définitivement en organisant une intervention du 14
Juillet en directe depuis la présidence de la république. Un vrai plateau télé, à la Chirac et Sarkozy, qui ne s’en
cachait plus. Et encore une fois, aucune explication valable pour faire
comprendre et accepter cette renonciation constante à tous ses engagements
électoraux, en prétendue rupture avec les pratiques fort douteuses de Sarkozy et de la droite bonimentrice.
Sans partager les idées de quelqu’un, le public en général n’aime pas les
menteurs. Le public n’aime pas les traîtres. Le public n’aime pas les gens
qui renoncent à leurs idées et promesses.
Le 14 juillet 2013 François
Hollande n’a pas commis juste UN suicide médiatique et politique. Il a
inventé une nouvelle forme du suicide politique: le suicide permanent, le
suicide dans la durée, le suicide comme une doctrine idéologique, le
suicide comme une forme d’administration de l’État. Car
presque tout ce
qu’il a fait depuis un an était une forme de suicide. Par rapport à ses
idées de gauche (à supposer qu’il en ait encore).
Le pire: cette renonciation aux belles promesses était pour rien. L’ancien
candidat devenu président s'est trahi et a trahi pour rien. Il n’a rien gagné en rompant
encore une de ses promesses. Car cela faisant, en même temps, il a commis une faute d’un
débutant, d'un dilettante. Hollande a enfreint une règle de base de la vie politique: on ne
dit rien quand on n’a rien à dire. On ne parle pas juste pour parler. Surtout dans un cadre solennel et
pompeux. Sinon on dévalue la parole et l'image présidentielles.
Le 14 Juillet 2013 François Hollande
a parlé pendant 35 minutes et n’a rien dit. Strictement
rien. Sauf encore une annonce d’une hausse éventuelle des impôts qu’il a
promis auparavant ne pas augmenter. Ce n’est même plus ridicule, minable ou
révoltant. Cela devient pitoyable. Durant cette prestation on avait honte et pitié pour ce
bonhomme qui se tuait en directe à la télévision nationale, tuant tout ce qui lui
restait de dignité humaine. Qui enterrait tout ce qui lui restait de
révolutionnaire le jour symbolique de la Révolution française.
L’intervention présidentielle sonnait tellement creux que c’est
précisément cela qui devenu la principale information, même dans les
journaux télévisés des chaînes publiques. Les réactions de tout le monde
étaient immédiates et commentaires mortels – faciles à faire. Le pire
c’est que c’était évident à tous. Et, du coup, la droite traditionaliste
et l’extrême droite ont gagné les points, juste en mettant en exergue le
vide du discours de François Hollande.
A commencer par la droite traditionnelle complètement décrédibilisée suite à la guéguerre fratricide des
petits chefs imbéciles. La droite ridiculisée par le retour pitoyable d’un
pantin qui a conduit son parti dans une impasse financière et idéologique,
à la banqueroute constatée par les membres et le président du Conseil
Constitutionnel nommés personnellement par le même pantin. La droite qui
se réjouissait pitoyablement d’accueillir ce pantin, fraudeur et
dépensier, en sauveur du monde et de son propre parti ruiné par lui,
anéanti à cause de lui, faisant la manche devant la France entière comme
ces tsiganes roumains tant stigmatisés par les discours racistes. Cette droite imbécile, sur le fond d’un François
Hollande encore plus pitoyable, retrouvait de la crédibilité! Le comble
de l’absurde.
Avec son intervention catastrophique depuis l’Élysée François Hollande a
permis à la droite auparavant décrédibilisée de regagner les points. Et
encore plus – au Front National. Qui dorénavant se place (et
politiquement, a parfaitement raison de le faire) en unique arbitre entre
la droite traditionnelle pitoyable dans l’opposition et les socialistes
pitoyables au pouvoir. Marine n’a plus rien à faire pour devenir le seul,
l’unique recours contre la connerie généralisée républicaine. Juste à
attendre le prochain tour. Son jeu est fait par le PS et l’UMP confondus.
Par le pouvoir en place. Merci Monsieur le Président de la République!
Hollande portait un costume noir et une cravate noire. Supposés cacher son
embonpoint et le rendre plus solennel, plus "présidentiel". Mais
visuellement cette
noirceur solennelle des habits présidentiels avait toute autre
connotation. On assistait en directe à son enterrement politique et
médiatique. Le pire: dans cet accoutrement de deuil il nous a parlé ….
d’optimisme! Il a reproché à la France son pessimisme éternel. Dans le
fond, il avait raison de le faire. Dans le fond, c’était la seule bonne
idée de son discours. Mais il l’a fait mal. Et dans le fond, et dans la
forme. Le président a mis le costume
d’un croquemort pour parler d’optimisme! Pitoyable. Montrez-nous enfin
ces professionnels de la communication qui le conseillent! La mère Patrie
a le droit de connaître ces[z]héros de l’ombre. Ces zéros.
Dans sa cuirasse noire en kevlar le président suait. Visible à l’oeil nu. Agrandi
par les caméras impitoyables. Son visage brillait. Non pas
d’intelligence ou de joie, mais de la sueur. Sous les feux de la rampe, dans le
contre-jour de l’éclairage télévisuel. Il suait certainement de la chaleur
écrasante de l’été. Il suait sans doute à cause de son embonpoint (il a
visiblement repris beaucoup de kilos depuis la campagne électorale). Mais
cela s’interprétait par le public différemment. Le gars est mal à l’aise
de nous mentir. Le gars nous ment. Le gars se sent mentir. Le gars se voie
mentir. Le gars est mis à mal par l’obligation de nous mentir
publiquement. Et il sue. Le gras ne sait même pas mentir sans trahir son
émotion cachée par sa sueur apparente.
Pitoyable.
Ah, cette fameuse reprise économique annoncée par François Hollande! Ah,
ce renversement de la courbe du chômage tant chéri par ce président
rêveur!
Le gars ne sait visiblement pas qu’en été il y a toujours une légère
augmentation des embauches – grâce aux emplois saisonniers des vacances,
des intérimaires de la saison touristique et des intermittents du
spectacle. La France n’est pas pour rien la première destination
touristique mondiale! Mais le faire passer pour une reprise durable
économique et pour une sortie tant attendue de la crise – c’est de
l’incompétence ou de la mauvaise fois. Dans les deux cas, le président est
perdant.
Sans oublier que pour lui faire plaisir avec son dada de l’inversement de
la courbe du chômage, les professionnels de la statistique gouvernementale
et du ministère du travail, zélés, cyniques et rusés, ont rayé les deux
derniers mois plus de 30 mille demandeurs d’emplois qui n’ont pas fait
correctement leurs déclarations mensuelles ou ont commis un petit oubli
dans les démarches administratives. On a artificiellement rayé ces
chômeurs des listes de Pôle emplois sans qu’il y ait la moindre vraie
embauche derrière. Pour maintenir le président dans ses doux rêves de la
reprise économique.
Pourtant il est énarque et il a été un haut fonctionnaire de la
République, ce cher Hollande. Donc logiquement il doit connaître sur le
bout des doits ces petites combines administratives avec les chiffres de
la statistique. Mais il n’y a pire sourd que celui qui ne veut rien
entendre. Et il n’y a pire aveugle que celui qui ne veut rien voir.
La seule courbe statistique qui s’inverse durablement depuis un an, c’est
la courbe de la popularité présidentielle et de la confiance qui lui était
accordée par le peuple français à la sortie des campagnes électorales de
2012. Au lieu du plafond, cette courbe vise maintenant le plancher. Et le
président va droit dans le mur. En rêvant.
Et la communication politique, telle qu’elle est pratiquée actuellement,
contrairement à l’idée initiale de ses professionnels et de leurs clients,
en réalité dessert ses acteurs et rend un grand service au public qui
assiste en directe à la mise à nu des artifices, des grands et petits
mensonges d’état. Une telle communication catastrophique rend finalement
service à la démocratie en montrant qui est qui et quoi. Il suffit
d’allumer la télévision tant décriée pour ses mensonges et tromperies,
pour voir la vérité vraie.
France, Juillet 2013 |














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