A l’école élémentaire et primaire on apprend aux
petits enfants l’arithmétique. C'est-à-dire les quatre actions de base :
addition, soustraction, multiplication, division. Ensuite on apprend aux
enfants qui grandissent la mathématique plus compliquée. A l’université on
enseigne la mathématique supérieure, très compliquée. Tout le monde le
sait et le comprend. Mais peu de gens utilisent ce savoir dans la vie
quotidienne. C’est pourquoi ceux qui comprennent ce qui se passe en
économie ne sont pas très nombreux. Surtout en temps des crises. Ce qui se produit en Russie actuelle est très simple. Toute l’année 2014 les prix mondiaux de pétrole, du gaz et d’autres ressources naturelles baissaient d’une manière permanente et stable. C’était une très bonne nouvelle pour toutes les économies grandissantes et industrielles, ainsi que pour les consommateurs et acheteurs ordinaires. Parce que cela faisait baisser arithmétiquement les coûts énergétiques et autres de la production et du transport des marchandises diverses et variées, de la construction et du chauffage des habitations, etc. Cela profitait à tous les pays qui n’ont pas leurs propres ressources naturelles et les importent, les achètent à l’étranger, puisque cela leur procurait des économies. Mais cette baisse des prix du pétrole, du gaz et d’autres ressources naturelles était très défavorable à tous les producteurs et vendeurs de ces matières premières. Parce que ils voyaient diminuer leur chiffre d’affaires, leurs revenus bruts, sans parler de leurs plus-values nettes. Ceci était funeste pour ne pas dire catastrophique a tous les pays dont l’économie revêt un caractère non industriel, se base uniquement sur l’exploitation simple des ressources naturelles – sur ce qu’on appelle « la rente naturelle ». Entre autres, à la Russie de Poutine. Pourquoi précisément de Poutine ? Parce que les quinze dernières années, sous la direction de Vladimir Poutine, la Fédération de Russie a fait un choix particulièrement simpliste, un choix plutôt tactique que stratégique. Sans trop se préoccuper du sort des futures générations de Russes. Poutine adore les décisions faciles, simples, linéaires, arithmétiques. Poutine a décidé d’orienter l’économie russe principalement vers l’extraction et l’exportation des matières premières pas ou peu enrichies. Ce choix était simple, rapide, arithmétique, momentané. Donc mauvais dans une longue perspective du développement d’un système étatique et économique très complique, régi par les règles plutôt mathématiques. Ce choix était facile parce qu’il ne demandait pas de grands efforts. Tu digues ou tu pompes de la terre des matières gratuites qui s’y trouvent et tu les vends. Simple comme pisser. Un idiot peut le faire. Mais ce choix était mauvais parce qu’il rapportait peu et ne donnait des bénéfices qu’en cas d’une conjoncture du marche très favorable, lorsque les prix sont hauts. Ce choix était mauvais car le pays vendait, bradait les bijoux de la couronne, les bas de laine, les richesses appartenant au peuple dans son ensemble, en volant les futures générations. Poutine est un veinard et a eu énormément de chance au début de son arrivée au pouvoir et à mi-mandat. Son accession au trône au Kremlin de Moscou en l’an 2000, par le plus grand des hasards, s’est accompagnée d’une conjoncture mondiale des matières premières extrêmement (trop) favorable. Le prix du pétrole brut est assez rapidement passé de 8-10 dollars le baril à 140 (dans les meilleurs moments pour les producteurs et négociants). Donc, arithmétiquement cela a augmenté les revenus et bénéfices des pétroliers. Là-dedans il n’y avait aucun mérite personnel de Poutine ni de sa politique. Puisque, de toute façon, populiste Poutine, surfant sur les attentes latentes des nostalgiques de l’URSS disparue voire du stalinisme, n’avait aucune politique et aucun programme réel sauf dire aux Russes ce qu’ils avaient envie d’entendre. Tout simplement la conjoncture économique mondiale s’est trouvée être ainsi à cette époque. Cette conjoncture prenait ses racines en Chine. Tout venait de la Chine. De ce géant d’un milliard et demi de personnes qui s’est réveillé du sommeil léthargique et a commencé sa rénovation et reconstruction explosive avec les taux annuels de croissance à deux chiffres. Sans oublier l’Inde, un autre géant réveillé et croissant. Sans négliger l’Asie de Sud-est en général (Corée du Sud, Hongkong etc.). Et sur le continent américain – le Brésil. Tous ces pays dynamiques, par leur demande, ont tiré les prix mondiaux des matières premières vers le haut. Ce qui a bénéficié, arithmétiquement, au développement économique de tous leurs fournisseurs, dont la Russie de Poutine. Qui, au sein, des BRIC faisait grise mine d’un simplet du village profitant, tant bien que mal, du développement industriel de ses grands frères : de la Chine, de l’Inde et du Brésil. Comme vous comprenez, Poutine n’avait rien de particulièrement méritant ni inventif à côté des ces homologues chinois, indous ou brésiliens qui, eux, dirigeaient leurs pays respectifs vers les vrais horizons économiques radieux. Tant que ces trois pays se développaient très fortement, les prix des matières premières russes etaient hauts. Poutine s’est trouvé juste au bon moment au bon endroit. C’est tout. D’ailleurs, il n’y avait aucun mérite, car il n’est pas arrivé au poste suprême en Russie grâce à son passé glorieux d’un homme politique visionnaire adoubé par le peuple, puisque il n’a jamais exercé aucun mandat électif auparavant. C’était un fonctionnaire sans personnalité, un obscur apparatchik tiré des bas fonds du KGB par l’ancien Maire de Léningrad Anatoly Sobtchak et qui a plu ensuite, par sa docilité et médiocrité, à la famille de l’ancien président russe Boris Eltsine et à son cardinal gris, milliardaire et oligarche Boris Berezovsky (paix à leurs âmes). L’argent déraisonnable et inattendu des matières premières, généré par la demande chinoise, a très rapidement rempli à ras bord le budget d’État russe qui était vide à l’époque de Gorbatchev et Eltsine. Ce qui a permis au pays stagnant de payer enfin les salaires à une armée de fonctionnaires inutiles et des retraites aux vieux délaissés dans la misère par les politiques de tous bords depuis des années. D’augmenter régulièrement ensuite les retraites et les salaires, sans aucun rapport avec l’efficacité du travail. Ce rebond financier a donné au pays une illusion du développement et à Poutine une illusion de son intelligence particulière, a formé chez lui un complexe de supériorité inexistante. Les gens ont eu tort de voir dans cet heureux concours des circonstances favorables le gage de stabilité pour les années à venir et les mérites exceptionnels de leurs dirigeants, dont Poutine en premier lieu. Mais cet argent énorme, non mérité par le travail, a joué un mauvais tour aux fonctionnaires russes de tous les niveaux. Ils ont commencé à flamber le fric. Au lieu d’utiliser cette chance inattendue de la conjoncture mondiale économique momentanément favorable pour engager enfin une reconstruction structurelle tellement nécessaire au pays appauvri, vieillissant, moribond et délabré qui vivotait depuis une décennie sur les restes de son passé soviétique glorieux. Au lieu de la ré-industrialisation, de la reconstruction des routes et des chemins de fer, de la construction des nouvelles et modernes usines, de l’intensification de son agriculture du XIX-ième siècle, le pays s’est mis à consommer frénétiquement la manne tombée du ciel de la rente naturelle inespérée. Les fonctionnaires se sont acheté les limousines étrangères flamboyantes et super chères, ont commencé à s’habiller en costumes de la haute couture parisienne et italienne, à porter les montres suisses et la joaillerie hors de prix, à se déplacer en jets prives, à passer les vacances dans les plus chers hôtels du monde, à éduquer leurs enfants dans les écoles privées les plus chères à l’étranger, à y acheter de l’immobilier aux prix exorbitants, à placer l’argent sale du vol et de la corruption dans les paradis fiscaux et dans les banques étrangères. Le nombre de milliardaires russes a dépassé la centaine et des millionnaires en dollars 180 mille. Les nouveaux Russes, exotiques et dépensant l’argent sans compter, sont devenus une caricature vivante à l’étranger. Poutine qui avec son clan faisait secrètement parti des plus nantis, a continué à augmenter les salaires étatiques des fonctionnaires qui se sont reproduits comme pas possible, des officiers des services secrets qui ont triplé leur nombre depuis la fin du KGB et exerçaient maintenant la mainmise totale sur l’économie officielle et mafieuse, sur la justice qui est devenue une arme de règlement de comptes entres les clans mafieux rivaux et contre la presse de moins en moins libre tentant à faire lumière sur les abus du régime poutiniste. Le pays entier, Poutine en tête, a perdu la notion des réalités. Le pays entier est devenu un drogué se shootant avec l’argent de la rente naturelle. En dix ans de cette conjoncture exceptionnelle le pays n’a construit pas une seule usine innovante dans la haute technologie, en perdant tout ce qui restait de l’Union Soviétique, en commençant par tous les cerveaux scientifiques qui ont fuis à l’étranger. Le pays n’a réalisé aucun progrès scientifique et technique de niveau mondial. A perdu quasiment toute son industrie. Les seuls usines productives qui lui restaient étaient celles qu’on appelle « de tournevis » : où la main-d’oeuvre locale peu qualifiée et peu chère assemble bêtement des composantes importées les marchandises (souvent vielles de deux générations destinées pour le marché local attardé) des producteurs étrangers. De facto, la Russie a cessé d’être une superpuissance mondiale en devenant une grande république bananière, mais avec les vieilles armes nucléaires soviétiques et les restes de l’industrie cosmique. Un pays bananier riche de la rente naturelle. On a fini par une situation absurde où une prétendue superpuissance mondiale a commandé deux porte-hélicoptères militaires à la France, pays de l’OTAN, c’est-à-dire de l’organisation « impérialiste et agressive » que la Russie de Poutine officiellement comptait parmi ces ennemis stratégiques. Décidément Poutine et ses acolytes n’ont jamais lu le mythe ancien grecque sur le cheval de Troyes (Timeo Danaos et dona ferentes). Tous ceux qui, tels Cassandre, mettaient en garde les dirigeants russes contre l’impasse dans laquelle ils entraînaient le pays et les dangers inévitables de cette orientation suicidaire, etaient évincés, limogés. Mais une fête alcoolisée ou le rêve narcotique ne peuvent pas être éternels. Une situation favorable et inattendue qu’on a pas méritée, ne pouvait pas durer. Après une décennie de la croissance droguée par les prix déraisonnablement hauts, la crise mondiale est venue enfin frapper à la porte de la Russie de Poutine. Le développement explosif de la Chine s’est ralenti et les prix des matières premières ont fini par commencer à baisser. Il était encore temps de sauver la Russie de la catastrophe avec les réserves financières amassées. A condition de les utiliser à bon escient. Mais Poutine ne voulait pas croire en cette fin de paradis du parasitisme sur la rente naturelle sans mouiller la chemise. Il tardait à prendre les mesures urgentes de sauvetage d’une économie qui coulait comme Titanic. Il s’est débarrassé des derniers conseillers qui prônaient le pragmatisme. La catastrophe globale et systémique a éclaté en fin de l’année 2014. Elle était soudaine mais logique. Elle ne pouvait pas ne pas avoir lieu. Elle était prédite, annoncée et inévitable. Mais pour Poutine elle était inattendue. Car il voulait tellement avoir éternellement les prix du pétrole, du gaz et d’autres ressources naturelles rester hauts. Le budget pour l’année 2015 a été conçu sur la base du prix de baril de pétrole entre $96 (budget équilibré) et $106 (budget excédentaire). Mais déjà en novembre 2014, avant le début de la nouvelle année budgétaire, le prix du pétrole a chuté à $70/baril. Le pétrole brut représentant 50% des recettes budgétaires russe, cette chute de prix a crée une brèche énorme dans le budget à venir. Avec la chute des prix d’autres matières premières elle était estimée à un quart du budget et tentait à devenir un tiers. Le 14 Décembre 2014, en réponse à la tentative de Venezuela qui faisait du lobbying des intérêts russes, le ministre de l’industrie pétrolière des Émirats Arabes Réunis a déclaré que les pays de l’OPEP ne prévoyaient pas de convoquer d'urgence une assemblée générale de crise ni une baisse de quotas de productions de pétrole même si le prix de baril descendait vers $40. A cette époque le prix du baril de pétrole Brent qui sert de référence pour fixer le prix du pétrole russe Urals, est descendu à $61,65 ce qui était son niveau le plus bas depuis 5 ans. Cette déclaration a eu effet de la bombe pour les marchés et les spéculateurs. Le budget russe pour l’année 2015 explosait. Poutine devait faire d’urgence quelque chose. La mesure la plus logique était la révision budgétaire exceptionnelle dans le sens de la restriction de toutes les dépenses programmées. Restriction drastique qui devait faire très mal. Pas forcément à la population mais surtout aux fonctionnaires du régime poutiniste, aux élites dirigeantes russes. A tous ceux qui ont pris la mauvaise habitude de flamber le fric facile volé au peuple, de se déplacer en jets prives et en limousines étrangères, de manger du caviar à la louche et à faire du ski à Courchevel. Ainsi qu’à toutes les structures militaires et les forces spéciales diverses et variées que Poutine avait créées sans se soucier de leur coûts pour le pays. Les restrictions budgétaires devaient aussi faire mal à tous ceux qui parasitaient sur le dos du pays et du budget fédéral. En premier lieu à la Tchétchénie de Ramzan Kadyrov ou la paix fragile a été achetée par Poutine à coût des subventions énormes du pouvoir fédéral, soldant la dette des deux guerres de facto perdues par Moscou. Le budget restreint ne pouvait plus supporter le coût des deux régions parasites – Abkhazie et Ossétie du Sud – annexées militairement, volées à la Georgie voisine, anciennement fraternelle et orthodoxe, lors de la guerre de 2008. Mais aussi des deux tiers des régions russes traditionnelles et économiquement dépressives qui ne vivaient depuis des années qu’avec les dotations fédérales, possibles tant qu’il y avait la manne pétrolière et gazière. Pire encore. La crise des prix de matières premières a coïncidé avec les plus récentes aventures de Poutine en 2014. D’abord avec les Jeux Olympique de Sotchi qui ont coûté la peau des fesses à la Russie et au peuple russe (entre 50 et 100 milliards de dollars). C’était juste du gâchis ou du vol car les stations et les installations construites n’avaient en vérité aucune perspective fiable économique et sportive (lire notre article « Sotchi : la pierre tombale du régime de Poutine »). Ensuite est venue la crise ukrainienne entièrement provoquée et voulue par Poutine pour détourner l’attention du peuple russe des problèmes grandissants internes – l’annexion de la Crimée dont personne en Russie n’avait rien à foutre et la vraie guerre de Poutine contre le peuple fraternel et orthodoxe de l’Ukraine, lié a la Russie par plus de mille ans d’histoire commune. Tout ceci nécessitait énormément de fric. Le budget 2015 prévoyait l’augmentation de 32% des dépenses militaires directes pour financer les troupes russes officiellement "absentes" de l’Ukraine mais que tout le monde en Russie (et dans le monde entier) sait engagées directement dans le conflit. La populace ivrogne de la Crimée et les deux régions séparatistes a l’Est de l’Ukraine (les prétendues "républiques" de Lougansk et Donetsk autoproclamées et non reconnues par personne) n’étant plus entretenue par l’État de Kiev, c’est le budget fédéral russe qui devait prendre le relais pour supporter ces nouveaux parasites. Mais avec la chute des prix des ressources naturelles le budget devenait de plus en plus vide et ne pouvait plus assurer ces subventions. Le gâteau budgétaire rétrécissait tandis ce que les mangeurs potentiels devenaient de plus en plus nombreux. Poutine est tombe dans son propre piège. Les sanctions occidentales, contrairement à ce qui a été avancé par la propagande poutiniste, n’ont pas provoqué cette crise. Mais elles ont certainement joué un rôle négatif, accentuant les effets de la crise mondiale et interne russe. Qu’est-ce que Poutine pouvait faire ? Un miracle. Pour sauver la situation absolument catastrophique. Au moins avec le budget pour les 6 mois à venir, sans couper drastiquement les dépenses et subventions (sinon cela risquait lui coûter son poste immédiatement). Il n’y avait qu’une chose à faire. Une très mauvaise chose. Puisque, de toute façon, elle ne donnait qu’une courte trêve et frappait fort injustement le peuple russe lui faisant supporter le poids de la bêtise et de l’ignominie absolue de Poutine. Cette solution c’était la dévaluation de la monnaie nationale russe – le rouble. La dévaluation non officielle, cachée. Cette solution était, comme d’habitude, simpliste, linéaire et arithmétique. Pour essayer de résoudre une équation mathématique avec plusieurs inconnues et variables. Mais Poutine n’aime pas et ne comprend pas la mathématique. Il est fan d’arithmétique. D’autre part Poutine est cynique et s’en fiche réellement du peuple russe. Il préside une oligarchie qui depuis longtemps avait transféré ses propres capitaux à l’étranger, les avait investis dans l’immobilier, les devises étrangères ou placés dans les banques étrangères et dans les paradis fiscaux. Une dévaluation du rouble ne pouvait pas leur porter un quelconque préjudice. Plutôt l’inverse : elle les rendait plus riches en roubles dévalués. Et Vladimir Poutine depuis Kremlin a secrètement donné son feu vert non officiel à la Banque Centrale russe de baisser le niveau de soutien aux taux de change du rouble sur les marchés, principalement par rapport à l’euro et au dollar US. Cette dévaluation cachée était déjà en cours depuis le début des sanctions occidentales, mais en absence des mesures institutionnelles de soutien par la Banque Centrale en quelques jours en décembre 2014 le taux de change du rouble a chuté pratiquement de 2 fois. De cette manière l’épargne du peuple russe a perdu la moitie de sa valeur en moins d’une semaine. Poutine a volé (encore une fois) sa population. En même temps le coût des importations a augmenté arithmétiquement de 2 fois. Et comme la Russie dépend de l’étranger pour 35% de son alimentation et pour la totalité des produits de la consommation courante non alimengtaires, cela a mis le peuple russe au bord de la faillite et presque de la famine. Mais le budget du régime poutiniste pour l’année 2015, par la même occasion, a été miraculeusement sauvé et arithmétiquement rempli avec les roubles dévalués. Ce qui lui a compensé la chute brutale des prix de pétrole sur les marches mondiaux. Poutine était aussi stupide pour ne pas cacher publiquement sa joie et ses intérêts budgétaires inavouables. « La chute du taux de change du rouble profite beaucoup aux recettes de la Russie » – a déclaré le leader russe avec une triomphe dans sa voix. En disant cela Poutine mentait, déformait la vérité. La dévaluation du rouble profite non pas aux recettes de la Russie, mais à celles du budget du régime poutiniste. Ce qui n’est pas la même chose, si par la Russie on entend son peuple qui, au contraire, a perdu la moitié de ses économies à cause de Poutine, pour sauver le budget fédéral de Poutine. Les petites gens qui, pour une bonne partie, surtout ceux qui n’ont pas besoin de faire les opérations de change avec les devises étrangères, peuvent même ne pas remarquer dans l'immédiat cette dévaluation cachée. Ou ne pas comprendre ses mécanismes d’appauvrissement de la population. Malgré les aveux publiques de Poutine qui se moque du peuple et de la Russie. La dévaluation actuelle du rouble a aussi arithmétiquement et automatiquement enclenché le mécanisme interne de l’inflation, de la hausse des prix des produits de consommation et des services. L’inflation qui devait économiquement, par la hausse des prix, rétablir la balance entre les cours nominatif et réel de la monnaie nationale. A l’inverse du taux de change du rouble, cette inflation n’est pas immédiate. La population va la ressentir petit à petit dans les semaines et les mois à venir, en voyant inexorablement changer les prix sur les étales des magasins. Certaines personnes pas très attentives ou futées peuvent ne pas la comprendre du tout, si elles se référencient uniquement à leurs bulletins de paie ou des retraites qui nominalement peuvent même augmenter. C’est le pouvoir d’achat qui diminuera car avec les mêmes sommes on pourra acheter de moins en moins de produits. Le problème budgétaire tactique et global du mauvais choix stratégique de Poutine a été solutionné par le vol de l’épargne du peuple, par ses économies. Poutine a volé son pays et son peuple. Tout pourrait être pas trop mal pour Poutine s’il pouvait vraiment contrôler les mécanismes économiques de l’inflation, s’il pouvait leur ordonner de faire telle ou telle chose comme il l’ordonné depuis des années aux institutions étatiques russes devenues décoratives et entièrement dépendantes du Kremlin, d’un seul homme. Mais ça ne se passe pas ainsi dans l’économie. Et la population russe n’est pas aussi ignorante et débile comme l’aurait voulue Poutine. Les gens ont un sixième sens, le bon sens, le sens commun qui leur permet sinon de comprendre, au moins de sentir les aventures cachées et les pièges du régime. C’est pourquoi plus la propagande du régime parle de la normalisation de la situation, plus elle tente d’endormir les gens et de les tranquilliser, plus ils deviennent méfiants et soucieux, plus ils doutent de la parole de Poutine. Ainsi la population russe depuis quelques jours s’est-elle précipitée dans les magasins pour acheter, avec les roubles qui perdaient de leur valeur, les produits de première nécessité et de longue conservation. Comme en temps de guerre, les gens ont commencé frénétiquement acheter le sucre, le sel, les pâtes, le riz, le sarrasin (très prisé par les Russes), les conserves de toutes sortes, les allumettes, les cigarettes. Et cela a fini par provoquer une panique générale incontrôlable. Les gens ont commencé à se débarrasser des roubles, ce qui a été aggravé sur les marchés par les mouvements spéculatifs orchestrés par les spéculateurs (très souvent liés au pouvoir en place par le délit d’inities). « Se sont les spéculateurs qui sont responsables de la chute du taux de change du rouble » - a déclaré le président russe. Et en disant ceci, il avait parfaitement raison. La seule chose qu’il a oublié de préciser : mes propres spéculateurs, les spéculateurs du Kremlin. Mais cela a été précisé par les experts des marchés qui ont tout de suite remarqué que parmi ces spéculateurs, pour un tiers, c’etaient des fonds de pensions américains et pour les deux tiers … les banques russes ! Et même derrière les fonds spéculatifs américains pouvaient très bien se cacher les investisseurs et donneurs d’ordres russes. Enfin l’aggravation finale est venue de la coïncidence de la crise avec les fêtes de fin d’année 2014 – la période ou traditionnellement les gens dépensent, achètent plus que d’habitude, préparent les cadeaux et les festins de Noël et Jour de l’An. Des millions de russes se préparaient à partir à l’étranger pour y passer les fêtes et les vacances et avaient besoin de devises étrangères. Ces phénomènes normaux saisonniers se sont rajoutés à la panique et ont fait chuter le rouble encore plus rapidement. La Russie est en train de vivre dans son économie ce que nous avons vécu en 1986 à Tchernobyl lorsque le réacteur nucléaire a commencé à chauffer suite à une manipulation stupide et irresponsable, est devenu incontrôlable et a fini par exploser. La panique, la chute des prix des matières premières – principale source de la richesse de la Russie actuelle, la chute du rouble et l’inflation auront comme résultat pour le moins l’arrêt de la croissance et au pire provoqueront le défaut de paiement global de la Russie et l’explosion de son économie fragile et attardée. Avec tout ce que cela sous-entend comme risque de troubles à l’ordre public, tentatives de renversement du régime, répression, révolution, guerre civile, guerre ouverte contre l’Ukraine et pire encore. Voila quelle est la situation actuelle en Russie provoquée par la bêtise et l’irresponsabilité de Vladimir Poutine. Cette mauvaise personne qui était un mauvais choix de Boris Eltsine et des Russes en 2000. Le choix pour lequel ils vont payer très cher. Et pas que les Russes… France, Décembre 2014. |
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